Certains aiment à le répéter, comme pour mieux s’en convaincre : les écologistes ne s’intéresseraient pas aux acteurs de la filière laitière et fromagère de Franche-Comté. Que nenni !
Je commence justement ma semaine par une visite de terrain dans ma circonscription, à Chantrans, sur le plateau d’Amancey, à quelques kilomètres d’Ornans, pour aller à la rencontre de la fromagerie Monnin. Cette visite, prévue de longue date, intervient seulement quelques jours après la tempête médiatique, habilement orchestrée par la droite et l’extrême droite, autour d’une prétendue interdiction du Comté. Je l’ai déjà affirmé, et je le réaffirme : il n’en est rien.
Cette visite n’est pas le fruit du hasard. Il y a quelques semaines, en passant devant la fromagerie, j’avais remarqué d’importants travaux en cours. Sont-ils liés aux deux arrêtés de mise en demeure du préfet du Doubs ? Font-ils suite à la condamnation de l’entreprise en 2022 pour pollution du ruisseau Bonnecreau, un affluent de la Loue, à la suite de signalements de riverains, d’un collectif d’associations et d’une enquête menée par l’Office français pour la biodiversité (OFB) ? Je voulais en avoir le cœur net.
Accueillie par Catherine Grandjacquet, la maire de la commune, sa première adjointe et des membres du conseil municipal de Chantrans, nous avons abordé cette visite avec l’objectif de dresser un état des lieux précis de la situation.
Pendant plus de deux heures, Monsieur Monnin et ses enfants nous ont fait visiter l’unité de production. L’entreprise produit aujourd’hui principalement du Morbier et du Comté, à destination de plus de 300 clients. Elle maîtrise l’ensemble du circuit, depuis l’achat et la collecte du lait jusqu’à la fabrication, l’affinage, le conditionnement et la commercialisation de ses fromages. Les volumes produits ont considérablement augmenté en dix ans. Cette croissance a longtemps mis à l’épreuve les capacités de traitement des effluents. Avec ses 30 salariés, la fromagerie Monnin incarne l’importance économique de la filière Comté pour notre territoire, tout en illustrant la nécessité, pour tous les acteurs, de prendre réellement prise en compte des enjeux environnementaux.
Aucun sujet n’a été éludé lors de cette visite. J’ai pu évoquer sans détour la problématique, qui a défrayé la chronique, du mauvais traitement des effluents et leur rejet direct dans le milieu naturel lié à l’augmentation rapide du volume de lait transformé, la station d’épuration de la fromagerie s’est révélée insuffisante. Le sous-dimensionnement des équipements a provoqué une pollution révélée par les associations environnementales locales. Leur vigilance et leur mobilisation ont été essentielles pour alerter les autorités et faire avancer la situation.

Ce défi dépasse le seul cas de Chantrans, d’autres fromageries du Doubs étaient confrontées à des difficultés similaires. Et les rejets de ces fromageries ne représentent qu’une petite partie d’un problème bien plus vaste. La dégradation généralisée des rivières comtoises est marquée par une eutrophisation inquiétante. Les effluents industriels visibles ne sont que la partie émergée d’une pollution beaucoup plus diffuse, aux origines multiples. L’accumulation de nutriments entraîne une prolifération d’algues qui asphyxie les milieux aquatiques, provoque la disparition de nombreuses espèces et altère profondément l’équilibre écologique des cours d’eau.
Aujourd’hui, la situation semble évoluer. J’ai pu constater que la fromagerie Monnin a engagé d’importants investissements pour moderniser sa station d’épuration, la recalibrer et la mettre aux normes. Une réserve incendie est également en construction, dans le but d’obtenir l’autorisation préfectorale nécessaire pour produire jusqu’à 70 000 litres de lait par an. Ces travaux, bien que tardifs, témoignent d’une prise de conscience et d’une volonté de mieux faire. Il est essentiel que cet engagement s’inscrive dans la durée, afin de garantir la préservation de la qualité de l’eau et de la biodiversité locale. Je resterai particulièrement vigilante à ce que les engagements pris soient respectés et que la réglementation soit scrupuleusement appliquée.
Je retiens de cette visite une conviction forte : la pollution de nos rivières n’est pas une fatalité, et il est possible d’agir concrètement grâce à la mobilisation de toutes et tous. Les efforts entrepris par les filières fromagères franc-comtoises sont indéniables, mais la situation écologique de nos cours d’eau demeure extrêmement préoccupante. Profondément attachée au Comté et à nos fromages franc-comtois, je veux qu’ils restent synonymes d’excellence, tant pour le plaisir de nos papilles que pour la préservation de nos rivières. La question est claire : que faisons nous maintenant ? Ensemble, poursuivons et intensifions nos efforts, par des actions concrètes et un dialogue constant.

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