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Fin des ZFE, enterrement du ZAN : les reculs écologiques s'accélèrent

Les citoyens se sont réveillés pour dire leur refus de la loi Duplomb ? C’est super. Mais d’autres horreurs ont été votées au Sénat et à l’Assemblée ces dernières semaines ! Alors que les effets du dérèglement climatique s’intensifient et que la pollution de l’air cause près de 40 000 morts prématurées par an en France, l’Assemblée nationale est par exemple revenue avec un mélange d’obstination et d’inconscience sur deux leviers essentiels de l’action locale : les Zones à Faibles Émissions (ZFE) et le Zéro Artificialisation Nette (ZAN). 

Le 28 mai 2025, une alliance contre nature - LR, RN et… LFI - a acté la suppression des ZFE, pourtant instaurées pour limiter l’accès des véhicules les plus polluants aux grandes agglomérations, confrontées à une forte pollution de l’air et notamment, aux particules fines. Le 17 juin, le vote de la loi de simplification de la vie économique a confirmé ce recul. Pourquoi ce recul ? Il y a ceux – la droite et l’extrême droite – qui poursuivent leur croisade fanatique contre les « normes », les « contraintes » et « l’écologie punitive », en oubliant que ce ne sont ni les écologistes, ni même la gauche qui ont porté les deux lois qui mettent en place les ZFE… mais la majorité parlementaire d’E Macron en 2019 et en 2021. Et il y a ceux, chez LFI donc, qui dénoncent la faiblesse des mesures permettant aux personnes modestes d’opérer une transition vers des véhicules moins polluants.

On me permettra de trouver ce jeu d’alliances de circonstance profondément choquant. Voir les députés de La France Insoumise voter avec l’extrême droite et la droite conservatrice contre un outil de lutte contre la pollution est un signal politique extrêmement préoccupant. Les ZFE ne sont pas exemptes de critiques ? C’est vrai ! Mais les supprimer, sans rien proposer d’autre, c’est abandonner ceux qui vivent le long du périphérique,par exemple, ou à proximité de boulevards urbains constamment saturés, aux effets d’une pollution chronique ; c’est faire le jeu du populisme au détriment de la santé des plus vulnérables, qui sont les premières victimes de la pollution urbaine.

On ne construit pas une écologie populaire en cassant les outils de régulation, mais en les corrigeant pour qu’ils soient plus justes.

Nous avons choisi un autre chemin. Charles Fournier et Lisa Bellucco, députés écologistes, ont déposé une proposition de loi (qu’on peut trouver sur le site de l’Assemblée sous le n°1718) pour corriger de façon pragmatique et juste les lacunes du dispositif actuel, avec :

  • Un guichet unique d’attribution des aides pour permettre aux ménages modestes d’accéder à des véhicules propres ;
  • L’adaptation des critères Crit’Air selon l’usage réel, les émissions du véhicule, ou encore son poids ;
  • Un carnet d’usage pour permettre des dérogations limitées ;
  • Un suivi transparent et des phases pilotes avant généralisation.

    Quelques jours plus tard, le ZAN était à son tour vidé de sa substance au nom d’une soi-disant « liberté d’aménager ». Là encore, des propositions existent : souplesse pour les petites communes, mutualisation intercommunale, accompagnement technique. Mais c’est le principe même de sobriété foncière qui est remis en cause, alors que les inondations ravageuses sont de plus en plus fréquentes, sur fonds d’imperméabilisation de surfaces toujours plus étendues… Ces reculs traduisent une tendance inquiétante : la mise à distance des politiques écologiques structurelles, au nom de préoccupations sociales… mais sans solutions crédibles. Ecologiste, je continue de refuser l’opposition entre écologie et justice sociale. Nous avons plus que jamais besoin des deux !