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Projet de budget 2026 : quand l’injuste le dispute à l’inefficace

15 juillet… L’heure de vérité ? La conférence de presse sur la situation budgétaire de la France du Premier ministre était très attendue. Elle a déçu (euphémisme) sur le diagnostic comme sur les solutions.


Sur le diagnostic d’abord.


Le déficit atteindra 5,8 % du PIB fin 2025. Contrairement à la longue démonstration d’hier - grandes phrases et beaux diaporamas - cette situation préoccupante ne résulte pas d’une « dépendance à la dépense publique » mais de l’effondrement des recettes, conséquence directe de choix politiques irresponsables : depuis 2017, près de 62 milliards d’euros de baisses d’impôts, principalement au bénéfice des grandes entreprises et des plus fortunés, ont asséché les recettes de l’État.


L’OFCE l’a démontré : les dépenses publiques, stables à 57 % du PIB, revenues au même niveau qu'il a dix ans, ne sont pas responsables de la crise. Viser 44 milliards d’euros « d’économies » tout en évoquant de façon si évasive la nécessaire contribution des plus aisés et l’optimisation du capital, c’est ignorer délibérément la cause principale du problème.


Sur les solutions ensuite.


Gel des dépenses publiques, coupes dans les ministères, pression accrue sur les collectivités, contraintes sur les malades, « année blanche » pour les salaires et les retraites, suppression de deux jours fériés… Les conséquences ont-elles été évaluées, sur l’emploi, sur la qualité des services publics, sur la santé des usagers ? Bien sûr que non. Elles sont pourtant douloureusement concrètes : moins de soutien aux communes, services publics sacrifiés, frein brutal à la transition écologique. La vie associative, les solidarités locales, tout ce qui cimente la cohésion du pays, sont asphyxiées. Et aujourd’hui, c’est aux salariés qu’on demande de renoncer à des jours fériés, au nom d’une austérité inefficace et injuste. Est-ce cela, la justice sociale ?


Peut-on encore se satisfaire de l’antienne « soyez responsables, serrez-vous la ceinture » sans examiner l’efficacité économique et l’impact social des mesures proposées ? Et cela quand 211 milliards d’euros sont distribués chaque année aux entreprises sans transparence, sans conditions et sans évaluation, comme l’a démontré un récent rapport du Sénat, dont on admettra qu’il n’est pas une officine gauchiste ?


Le plus révoltant ?


Certains budgets semblent inépuisables. La fuite en avant dans le nucléaire – les nouveaux EPR 2, les « petits réacteurs modulaires », CIGEO, ITER, la Hague… se chiffre en dizaines de milliards. La facture pétrolière et gazière se chiffre également en dizaines de milliards. Les autoroutes génèrent des profits colossaux pour quelques-uns tandis que les tarifs explosent pour les usagers. Quant aux géants du numérique tels que Google et Amazon, ils négocient des arrangements fiscaux leur permettant d’échapper aux pénalités et sanctions auxquels ils s’exposent pour avoir fraudé. Où est la justice ? Où est l’équité ?


Incapable de tirer les leçons des errances des dernières années, refusant de changer de trajectoire, ménageant les contribuables les plus riches et les détenteurs des plus gros patrimoines, le gouvernement s’obstine. Il tentera d’imposer son budget par 49-3, s’exposant à une nouvelle censure…


Pour ma part, je refuse l’engrenage du pire. Je veux croire qu’il qu’il est encore temps de placer la justice fiscale et l’écologie au centre de nos choix budgétaires.

Question au gouvernement - Dominique Voynet à Annie Genevard
2 juil. 2025
Mesdames, messieurs les ministres, mesdames, messieurs les députés, un jour, vous serez poursuivis pour inaction criminelle, pour mise en danger de la vie d’autrui. Vous trouverez cela injuste, mais c’est maintenant qu’il faut y penser.