En ce début d’été, les forêts brûlent, menaçant Marseille et Narbonne. Dans certaines régions, on restreint – comme chaque année désormais, l’arrosage des jardins et des cultures.Depuis des mois, des milliers de scientifiques tirent la sonnette d’alarme. C’est que leurs travaux confirment le déclin de la biodiversité et la dégradation continue de notre environnement, dont dépend directement l’agriculture, avec déjà des pertes économiques documentées sur certaines cultures, et parfois même des chutes massives de rendement. Les populations d’insectes, celles des pollinisateurs notamment, s’effondrent sous l’effet des pratiques agricoles intensives et de l’usage massif des pesticides.
Ça ne bouleverse pas l’Assemblée nationale et le Sénat qui, méthodiquement, poursuivent et même accélèrent la démolition des protections environnementales, décrites comme autant d’insupportables « contraintes ». L’adoption de la loi dite « Duplomb », arrachée au forceps à travers une procédure bâillon, marque un tournant inquiétant : la trumpisation de la vie politique française, où les avancées écologiques, pourtant vitales, deviennent la cible d’un retour en arrière assumé.
De quoi Annie Genevard a-t-elle peur ? Pourquoi défend-t-elle, soutenue par les différentes familles de la droite, une agro-industrie si éloignée du modèle de polyculture-élevage qui caractérise notre région ? Une agro-industrie qui conduit à l’élimination des plus petites fermes, écrasées sous le poids d’investissements déraisonnables, otages des pratiques intensives conseillées par des « coopératives » qui ont perdu le sens de leur mission ? Une agro-industrie qui n’est même pas capable de laisser sur le terrain une part suffisante de la valeur ajoutée pour rémunérer le travail de celles et ceux qui travaillent la terre ? A ma connaissance, les agriculteurs de Franche-Comté ne réclament pas de méga-bassines, n’ont pas l’intention d’installer des fermes-usines ni d’empoisonner leurs enfants ou leurs voisins !
Les liens entre l’exposition aux pesticides et la fréquence des cancers, des maladies neurodégénératives ou des troubles du neuro développement sont aujourd’hui scientifiquement établis. Autoriser l’industrie phytosanitaire à peser aussi directement sur les choix politiques, c’est ouvrir la voie à de nouveaux scandales sanitaires.
Tous les parlementaires franc-comtois, sauf moi, ont voté cette loi. Mais que sont-ils allés faire dans cette galère ? Chercher un « totem d’immunité », une garantie qu’on ne viendra pas déverser du lisier ou brûler des pneus devant leur permanence ?
Convaincue que le véritable courage politique ne consiste pas à bêler avec les moutons mais à défendre une agriculture durable, à taille humaine, respectueuse des sols, de l’eau et de la santé, j’ai fait un choix clair. Je le dis haut et fort, je refuserai toujours de céder aux tenants d’une agriculture qui détruit plus qu’elle n’entretient, qui endette plus qu’elle ne rémunère, qui empoisonne plus qu’elle ne nourrit.



Question au gouvernement - Dominique Voynet à Annie Genevard
