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Loi pour la souveraineté agricole : La trouille des manifs de tracteurs fait-t-elle faire n’importe quoi ?

Le 22 septembre, le puissant patron de la FNSEA donnait 15 jours à Annie Genevard, fraîchement nommée au ministère de l’Agriculture, pour « répondre aux attentes des agriculteurs ». Une menace à peine larvée…A trois jours de l’ouverture du salon de l’Agriculture, il devenait urgent – pour faciliter la visite en majesté du président de la République au cul des vaches – de boucler le projet de loi resté en carafe depuis la dissolution voulue par le même.Qu’en pensent les députés ? On ne le saura en fait jamais. Le texte a été inscrit en catastrophe à l’ordre du jour du Sénat et examiné en deux jours ; la CMP a été convoquée en catastrophe le soir même dans une ambiance désastreuse, ses membres ayant découvert le texte trente minutes avant le début d’une réunion surréaliste au cours de laquelle les rapporteurs ont refusé de s’éloigner d’une virgule du compromis sur lequel ils s’étaient mis d’accord. En moins de 24 h, le texte – que personne n’a lu puisqu’à l’heure du vote, il n’est pas disponible - est inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée, bousculé en conséquence… et voté. Circulez, il n’y a (plus) rien à voir.
La loi exigée par « le monde agricole » (traduction : par la FNSEA) permettra-t-elle de rémunérer dignement le travail des paysans ? De rééquilibrer le rapport de forces avec les grosses coopératives, les industriels de la transformation et la grande distribution ? De mettre un terme à la concurrence déloyale venue de pays bénéficiant d’accords de libre-échange ? De faciliter l’accès au foncier pour les jeunes qui s’installent ? Non, bien sûr.
En revanche, c'est un texte cynique, opportuniste et obscurantiste, qui sacrifie l'écologie. Tout se passe comme si - incapable d’agir sur les causes réelles du marasme agricole, dont les « gros » agroindustriels de la FNSEA sont largement responsables – le gouvernement offrait aux agriculteurs, comme lot de consolation, comme dérivatif, la peau des écolos !
Impossible de lister ici tous les reculs que comporte le texte. Assouplissement des démarches pour la réalisation de bassines de stockage d’eau, l’installation d’entreprises agro industrielles, la destruction de haies ou la construction de bâtiments agricoles en bord de mer au mépris de la loi littoral. Indulgence et sanctions réduites pour les pollutions accidentelles ou la destruction d’espèces ou de milieux… Le pire est sans doute l’inscription dans la loi de l’exigence obsessionnelle de la FNSEA : la remise en cause de l’interdiction des pesticides. Comme si les agriculteurs, leurs familles et leurs voisins n’étaient pas les 1ères victimes – Parkinson, Alzheimer, cancers - de l’usage de molécules toxiques et rémanentes. Comme si la solution se trouvait dans le déni, la fuite en avant et non dans l'agronomie, l'agroécologie, la lutte biologique, la vitalité des sols.
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Théâtre parlementaire
On appelle ça les questions téléphonées… Et ça suscite en général sourires narquois et yeux levés au ciel…Un député, lors de la séance des questions au gouvernement, pose à un ministre une question que le ministre lui a demandé de poser pour qu’il puisse, en faisant mine d’être surpris par la question, se mettre en valeur en répondant. On a vécu ce 19 février un joli échantillon de l’exercice, quand Eric Liégeon, agriculteur et suppléant d’Annie Genevard, a félicité Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, pour la loi pour la souveraineté agricole examinée en catastrophe… juste avant le salon de l’Agriculture ! Et la ministre, susurrante, de le féliciter pour sa question. Et le suppléant, brosse à reluire, de lui promettre qu’elle sera bien accueillie au salon de l’Agriculture…

Une seule Santé : Non à la loi Duplomb ! Rassemblement à Besançon lundi 2 juin

[Visite de terrain] Fromagerie Monnin à Chantrans
