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À quelques heures du vote de la censure...
Mercredi 4 décembre, 14h
La séance des questions au gouvernement – la dernière sans doute pour l’équipe de M Barnier – commence, dans une ambiance électrique.
Il y a quelques instants, les ministres sont arrivés dans l’hémicycle, souriants, détendus et probablement pour beaucoup d’entre eux soulagés.
Les questions « téléphonées » - c’est-à-dire inspirées par le gouvernement lui-même, qui prépare sa réponse à l’avance - se succèdent, sur le mode « si la censure est votée… » Et l’un de dénoncer le fait que les militaires ne seraient plus ni équipés ni payés. Et l’autre d’affirmer que les agriculteurs se verraient privés des mesures négociées par leurs syndicats, quand un 3ème liste les milliards qui pourraient manquer aux hôpitaux, aux EHPAD, aux soins palliatifs… et j’en passe. Et la ministre des Relations avec le Parlement, toute en boucles blondes, d’en rajouter… Et le ministre du Budget et des Comptes publics de décrire sur un ton martial les catastrophes qui s’abattront sur la France, en citant la FNSEA, la FFB, le MEDEF… Le chaos, le désordre, tous azimuts… Il ne manque que les nuées de sauterelles et la pullulation des grenouilles… Comme s’il devait ne rien se passer après la censure, comme s’il devait ne plus jamais y avoir de gouvernement, de budget, de débat parlementaire !
A quoi bon redire que la situation budgétaire difficile dans laquelle se trouve la France est d’abord le résultat des décisions irrationnelles et dangereuses prises depuis 2017, par les gouvernements qui se sont succédé un peu, par le président de la République surtout ?
A quoi bon redire que celles et ceux qui s’insurgent aujourd’hui ont déserté les discussions budgétaires pendant des semaines, quand ils n’ont pas défendu des amendements qui tentaient de faire annuler les pauvres efforts demandés aux plus aisés par M Barnier ?
A quoi bon redire qu’aucun des ministres n’a tenté d’établir le dialogue avec les partis de gauche, rejetant impitoyablement des amendements mesurés, quand l’extrême droite a été constamment ménagée ?
A quoi bon redire qu’aucun des ministres qui donnent depuis des mois des leçons de rigueur et de responsabilité ne s’est jamais interrogé sur les conséquences néfastes de la « politique de l’offre » à laquelle E Macron manifeste un attachement obstiné, ou sur les raisons qui ont conduit les Français à s’en détourner ?
La journée sera longue, bruyante, déplaisante. Elle se terminera par le vote de la motion de censure et ouvrira une période d’incertitude d’autant plus pénible et déstabilisante qu’elle risque de durer un peu.
A quelques heures du vote, je n’ai envie ni d’en rajouter ni de rigoler. Voter la censure du gouvernement, c’est un acte grave qu’on ne pose pas à la légère. Je voterai sans trembler et sans joie.