Marathon budgétaire

Qui ignore encore que les député.e.s sont en train d’examiner en commission et en séance publique le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) pour l’année à venir ?

Ce qu’on ignore en revanche, ce sont les conditions de cet examen.

Tous les jours, la séance commence à 9 H et se termine à… minuit. On siège le samedi et, pour les trois semaines à venir, le dimanche aussi, aux mêmes horaires… Souvent, plusieurs réunions ont lieu en parallèle. Des réunions où on vote. Ainsi, en ce moment même, la commission des Affaires sociales examine les centaines d’amendements déposés sur le PLFSS, en gardant un œil sur le déroulement de la séance, au cas où il faudrait revenir fissa, en cavalant entre les sites de l’Assemblée, pour éviter le vote d’une mesure désastreuse sur le PLF. De quoi relativiser les critiques de ceux qui trouvent l’Hémicycle un peu vide, ignorant que les députés ne sont pas dotés du don d’ubiquité…

Au fil des heures, les corps s’épuisent, les esprits s’échauffent, les rappels au règlement se multiplient, le niveau sonore monte… Les collaborateurs nous rappellent à l’ordre… « Tu dois rappeler le maire de Devecey. Tu es sûre que tu pourras assurer la soirée prévue à Tarcenay ? Tu n’as toujours pas validé les amendements sur le budget de l’aide publique au développement, qui doivent être déposés avant 17 H. Et ceux sur le soutien aux agriculteurs victimes de la dermatose nodulaire bovine, tu as pu y jeter un œil ? » Plus tard, il y en aura d’autres, contre la baisse du Fonds vert, des crédits de l’ONF et de l’OFB, des associations, des collectivités locales…Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas de se plaindre – tant d’autres ont des métiers bien plus durs et bien moins considérés - mais de répondre à une question que nous sommes nombreux à nous poser, sur tous les bancs… Tout ça débouchera-t-il sur un budget acceptable, permettant de contenir la dette, de financer décemment les services publics, de relancer la production de logements, de financer la transition écologique, en mettant à contribution ceux qui s’enrichissent en dormant et dont les consommations ostentatoires insultent celles et ceux qui peinent à payer la cantine des enfants ?